Sami Galbi (#Trans2023) parle de Roshâni (#Trans2024)

21.11.2024

« La reco des artistes » est une série d’interviews dans laquelle des artistes précédemment passé·es aux Rencontres Trans Musicales nous parlent des artistes programmé·es dans l’édition à venir. 

L’artiste suisse d’origine marocaine Sami Galbi avait fait sensation aux Trans Musicales 2023, lors de son concert dans une Greenroom pleine comme un œuf, communiquant son énergie et son sourire à un public décidé à danser durant tout le concert. Il partage ici son coup de cœur pour Roshâni, un groupe de Genève, tout comme lui, dont il a souvent croisé la route. 

 

Laureat Bakolli

Pourquoi as-tu choisi Roshâni et comment as-tu découvert ce projet ? 

Sami Galbi : C’est un groupe que je suis depuis ses débuts en Suisse parce que j’ai joué avec elles sur plusieurs concerts. D’abord avec El Mizan, le groupe que j’avais avant. On a joué ensemble dans le cadre du vernissage de notre album, au Romandie, à Lausanne, en mars 2023. Et donc lors de cette soirée, on s’est rapproché·es, on a échangé un peu et j’ai proposé ensuite qu’elles jouent aussi après le premier showcase de mon projet solo, à la Gravière, à Genève, en juin de la même année. Ça faisait quand même quelques années que je suivais le travail d’Inès Mouzoune, qui est multi-instrumentiste, mais surtout bassiste et pianiste, et qui avait joué avec plusieurs groupes que j’aimais beaucoup, dont Amami [#Trans2019]. Inès, elle est aussi d’origine marocaine, donc ça m’avait interpellé. Elle est d’ailleurs marocaine et bulgare. Avec ce mélange-là, elle faisait de la musique très variée, dans plein de projets différents. C’est une super musicienne qui était très jeune en plus quand elle a commencé à tourner à l’international. En Suisse, il n’y a pas beaucoup d’artistes avec ce profil et donc j’ai vite eu de l’intérêt pour sa musique. Après ces deux concerts, avec Inès on a parlé de commencer à faire de la musique ensemble dans le cadre d’une résidence de création au Maroc. On est parti·es là-bas pour travailler sur la musique traditionnelle et populaire marocaine, avec une équipe locale et on a monté un projet entre le Maroc et la Suisse. On a fait une première résidence en janvier 2024 et puis une deuxième en mai, puis on a fait des concerts ensemble, sous le nom Hammam Elektric. 

C’est de la musique qui fait du bien, particulièrement en ce moment, parce qu’il y a une énergie très positive qui émane de ce projet.

Vous êtes amené·es à tourner ou à enregistrer un disque avec ce projet, ou c’était juste un “one-shot” ? 

Oui, c’était une sorte de one-shot. Après, le temps nous dira si on travaillera sur quelque chose de plus conséquent qui s’inscrira dans la durée, et peut-être qu’on fera un disque. Pour l’instant, on a fait trois concerts en Suisse et un au Maroc et on a des propositions pour cet été, mais voilà, Inès comme moi, on est assez occupé·es. Et puis il faut faire venir les musiciens du Maroc, donc ce n’est pas forcément le projet qui est le plus voué à tourner. Disons qu’il y en a d’autres sur le feu… Pour revenir à Roshâni, sans surprise, on s’est rapproché·es vu qu’on jouait à l’époque une musique pop avec une dimension folklorique. Et Roshâni chante en farsi (et en espagnol), donc il y a aussi une influence de musique perse qui est peut-être un peu moins décelable que mes influences ne le sont dans ma musique, mais du coup, on nous a souvent fait jouer sur des plateaux communs. On n’est pas beaucoup en Suisse à jouer ces musiques un peu hybrides. 

Qu’est-ce qui rend pour toi Roshâni si spécial ou singulier ? 

Je les ai vues plusieurs fois en concert et je peux dire que c’est extrêmement généreux sur scène. Les textes de Roxane [Dumont], la chanteuse, parlent beaucoup de son vécu. Il y a une dimension personnelle, peut-être familiale, voire politique, comme par exemple le titre Sola, qui parle de la solidarité féminine. Je trouve aussi que c’est un projet qui a pas mal évolué, où il y a eu plusieurs personnes différentes à la batterie. Finalement, elles se sont aussi libérées de ça en jouant en duo à un moment, et maintenant elles jouent de nouveau avec un batteur, qui est très fort [Yavor Lilov]. Pour moi, ce sont deux personnes qui ont vraiment envie de faire les choses, avec une sorte d’urgence, de nécessité, et qui ont su tracer leur route, développer leur projet à leur manière. Je trouve aussi qu’il y a une vraie identité dans ce projet. Roxane, elle, vient aussi plus de la guitare flamenco, donc elle joue avec ses doigts sur sa guitare électrique. Ça donne une couleur de son assez particulière. Et Inès, c’est la pro des machines, elle est complètement nerd. Là, je sais qu’elle joue beaucoup avec la MPC où elle sample des synthés analogiques. Normalement, elle joue avec son Arp Odyssey qui est un synthé analogique pour jouer les basses. Elle en a un autre pour les mélodies. Et puis c’est en constante évolution, elles n’ont pas peur de tout changer, ce sont vraiment des bosseuses, des filles qui vont au bout de ce qu’elles veulent. Et j’aime le fait qu’il y a des morceaux en espagnol, qui est une langue quand même plus accessible, que beaucoup de gens comprennent. Mais il y a aussi des morceaux en farsi parce que la chanteuse est aussi iranienne, je trouve ça intéressant. Et puis après, dans les mélodies de synthés, il y a un côté très pop ‘80s… j’aime aussi beaucoup les rythmiques… c’est de la musique qui fait du bien, particulièrement en ce moment, parce qu’il y a une énergie très positive qui émane de ce projet. 

Il y a un morceau en particulier que tu recommanderais à quelqu’un qui ne connaît pas du tout le groupe ? Ou quel est tout simplement ton morceau préféré de Roshâni ? 

J’aime beaucoup Donya Do Roozeh. Je trouve qu’il est très bien construit, que le son a été vraiment bien travaillé. Il y a cette pulsation disco et puis à un moment, ça change complètement, ça devient assez sombre, et puis ça revient sur la première rythmique. Je trouve qu’il y a aussi des prises de risque dans ce morceau qui sont assez intéressantes.  

A contrario, un autre morceau qui prend moins de risques mais qui marche très bien, c’est Sola, ce titre qui parle de solidarité féminine. C’est un morceau que je chantais quand elles le jouaient en live. Je chantais les deuxièmes voix, au premier rang, un peu comme un fan. On en a parlé et on en a rigolé avec Roxane, parce qu’elle disait “mais tu devrais venir enregistrer en studio”, et puis c’est resté un peu comme une blague entre nous…  

C’est en constante évolution, elles n’ont pas peur de tout changer, ce sont vraiment des bosseuses, des filles qui vont au bout de ce qu’elles veulent.”

De manière générale, je trouve que tout leur album fonctionne super bien. Je pense que c’est une très bonne idée de les avoir programmées aux Trans Musicales. Je suis vraiment très content pour elles parce qu’elles ont commencé un petit peu avant que je lance mon projet solo, mais finalement on s’est croisé·es sur plusieurs dates l’année passée… ça me rend heureux de savoir qu’on se retrouve, qu’on fait peut-être un peu les mêmes étapes à des moments différents. 

Pour revenir à toi : est-ce que tu as une actu particulière ou des projets en cours ? 

Oui, là je suis en train de travailler sur un live en trio, qui devrait se mettre en place début 2025. Et puis ça s’accompagnera de la sortie d’un album prévu en mai, toujours chez Bongo Joe. 

Et qui sont les musicien·nes qui t’accompagneront dans ce trio ? 

Justement, il y aura Inès, de Roshâni, qui va faire les synthés, une partie des synthés en tout cas. Et puis aussi tout ce qui est bruitages, habillage, effets. Il y a également un morceau qu’on prépare avec elle, où elle chante. Et puis il y aura aussi Yann Hunziker, un batteur de la même région que moi, donc plutôt sur l’Arc lémanique.