Retour aux Sources : Morjane Ténéré
La jeune chanteuse-guitariste Morjane Ténéré n’en est qu’à ses débuts, mais sa folk bluesy et spirituelle présentée dans son premier EP Birth semble indiquer que l’artiste a déjà mûri et digéré ses influences. À l’approche de son concert du vendredi 17 juin à l’Ubu lors la soirée de fin de saison, elle nous a confié cinq noms d’artistes qui composent son panthéon musical et qui l’ont marqué dès son adolescence.
Amy Winehouse
« Mon déclic musical a vraiment eu lieu en découvrant Amy Winehouse, notamment avec la chanson Back To Black. J’avais environ quinze ans et j’étais tellement fascinée par le personnage que j’apprenais ses chansons par cœur et je regardais toutes les vidéos de lives que je trouvais. Je ne l’écoute plus trop maintenant, mais c’est une artiste qui m’a fortement marquée et dont je ressens encore l’influence. »
Nirvana
« Nirvana, c’est un aussi un des premiers groupes que j’ai écoutés, vers 14 ou 15 ans. Je l’ai découvert chez moi, par moi-même. Mes parents écoutaient principalement de la chanson française et je me suis fait ma propre culture musicale en cherchant, en essayant d’aller plus loin et pas forcément en écoutant les mêmes choses que mes amis à l’époque. J’ai eu une période où j’écoutais de la musique grunge et Nirvana est donc devenu une grande influence, pour différentes raisons comme l’intensité des morceaux mais aussi pour les textes dans lesquels on peut souvent trouver un sens caché. Nirvana, que j’ai beaucoup écouté, m’a donné envie de commencer à jouer de la guitare et un peu plus tard à composer et à écrire des chansons. J’étais aussi fascinée par Kurt Cobain en tant qu’artiste et en tant que personne. Quand je découvre un artiste, je cherche à en savoir plus sur sa vie, comment il écrivait, comment il composait, où il vivait… Par exemple Kurt Cobain, il venait de Seattle, j’ai donc essayé de comprendre comment cet environnement et son époque avait pu influencer sa musique et son écriture. »
Bob Marley
« Bob Marley, je l’ai également découvert à l’adolescence. C’est un artiste qu’on écoutait un peu dans ma famille. J’ai été marqué par la personnalité de l’artiste et la puissance de ses chansons qui touchent toutes les générations, sur tous les continents. Il y a quelque chose d’universel qui est assez impressionnant, avec des textes très forts et des musiques que j’aime toujours écouter, encore aujourd’hui. Il a une aura incroyable y compris dans les nombreux lives que j’ai pu regarder, avec quelque chose de presque « sacré », en tout cas quelque chose de très intense qui se dégage de lui. Il défendait aussi des messages politiques forts, sans être dans la colère ou la violence. Et musicalement, au-delà du reggae, il est passé par d’autres styles de musiques jamaïcaines qu’il m’a fait connaître, comme par exemple le ska. »
Janis Joplin
« Janis Joplin est vraiment une chanteuse qui m’a marqué parce qu’elle incarne la liberté. Avec elle, j’ai pu avoir un modèle féminin qui sortait des codes habituels, ceux liés à la beauté mais aussi à la façon de se comporter publiquement en tant que femme. Et pour moi, sa voix si particulière représente justement le besoin d’être soi-même, de s’exprimer et d’être libre. J’ai appris qu’elle a été victime de harcèlement scolaire quand elle était jeune, notamment à cause de son physique. En sachant ça et en voyant ce qu’elle est devenue, à un moment où je me découvrais aussi moi-même – puisque j’étais adolescente à l’époque – je pouvais un peu mieux comprendre qui j’étais et qui je voulais devenir en tant que femme. »
Nina Simone
« Nina Simone, je l’ai découverte plus tard, enfin je l’ai connue assez tôt mais j’ai appris à l’écouter et à la connaître un peu plus tard, quand j’étais à la fac. En première année, je suivais aussi à côté des cours dans une école de musique jazz/blues dans laquelle on suivait le parcours des musiques afro-américaines, en partant des work songs [chants accompagnant le travail forcé et pénible des esclaves, chantés le plus souvent a capella], en passant par des bluesmen comme Robert Johnson et en allant jusqu’au grandes chanteuses de jazz. Nina Simone a alors représenté un véritable choc. La profondeur de ce qu’elle fait… c’est incroyable, je ne sais même pas s’il y a des mots pour décrire ça. La manière dont elle chante et elle joue du piano… les deux sont tellement liées, comme si le piano appartenait au chant et le chant au piano. À la base elle voulait être pianiste de musique classique mais elle n’a pas pu parce qu’elle était noire et elle a donc allié les deux. Pour moi, elle a l’image d’une femme vraiment forte et honnête, et cette honnêteté pure on la ressent dans ses chansons. J’écoute toujours Nina Simone, mais j’avoue que sa musique est particulièrement chargée en émotions, pleine de mélancolie et de souffrance, ce que je ne recherche pas forcément à chaque instant. Mais cette artiste est pour moi essentielle. »
Morjane Ténéré joue à l’Ubu avec Mowdee, Porchlight et UN*DEUX, le vendredi 17 juin de 21h à 03h dans le cadre de « YO ! », la soirée de clôture de saison.