Retour aux sources : Vini Moerthi

24.03.2022

Vincent Maurice, entendu au sein de My Lullaby aux Trans Musicales en 2004, est désormais la voix de Vini Moerthi, un nouveau projet indie rock folk aux couleurs psyché. Avant son concert à l’Ubu, le chanteur dévoile quelques-uns de ses artistes de prédilection.

On découvre souvent les artistes sur scène, sur album ou dans un clip. On peut aussi apprendre à les connaître autrement, en s’intéressant aux groupes et aux morceaux qui les inspirent ou les ont inspirés, et qui sont même parfois à la source de leur cheminement musical.

I’m the Walrus (1967) des Beatles

 

« J’ai découvert les Beatles à l’âge de dix ans, en tombant sur les albums que l’on appelle “le double bleu” et “le double rouge” avant de me jeter sur tout le reste. C’est vraiment le groupe grâce auquel je me suis intéressé à la musique. Au sein de Vini Moerthi, les quatre Anglais font plutôt l’unanimité, en premier lieu pour leurs mélodies. Ce morceau n’est pas le plus représentatif de leur talent harmonique. Je me rends compte, à chaque fois que j’en entends une reprise, qu’il n’est pas intrinsèquement excellent. Ce que j’aime surtout c’est le rythme très lourd imposé par Ringo Starr qui est presque du trip hop avant l’heure, les arrangements de cordes signés George Martin… I’m the Walrus dégage une certaine modernité. C’est à la fois psychédélique et groovy. »

Dazed & Confused (1968) de Led Zeppelin

 

« Je suis fan du premier album de Led Zeppelin. Sur ce live enregistré au Danemark, un de leurs premiers, on sent que le groupe improvise encore. Par la suite, ils joueront de manière plus automatique. Quelque chose de brut dans le son va se perdre un peu. Dazed & Confused est un très bon morceau pour les harmonies, le jeu des musiciens. Ils incarnent pleinement la notion de supergroupe : John Bonham, excellent sur ce titre, à la batterie, Jimmy Page à la guitare, Robert Plant au chant… Ce qui me marque le plus c’est la cohésion et la cohérence de l’ensemble. Avec Vini Moerthi, on essaye de retrouver ces sons vintage, notamment en récupérant de vieux amplis. »

Köhntarkösz (1974) de Magma

 

« Adolescent, passionné par la critique rock, je me plonge dans de vieux exemplaires de Best et de Rock & Folk. Dans les années 1970, il y avait tout une mythologie autour de Magma et de Christian Vander et de sa prétendue fascination pour le nazisme. J’écoute. Je m’attends à du rock et je découvre plutôt du jazz. J’adhère à cette radicalité musicale, notamment sur cet album, Köhntarkösz (1974) et sur le précédent Mekanïk Destruktïw Kommandöh (1973), et son modèle de rythmique composée de Christian Vander à la batterie et de Jannick Top à la basse. Magma c’est plus un objet de fascination qu’une source d’inspiration musicale – de ce côté, je serais davantage influencé par King Crimson ou les groupes de l’École de Canterbury. »

Paranoid Android (1997) de Radiohead

 

« J’avais déjà accroché sur The Bends (1995), le deuxième album de Radiohead, quand, en amont de la sortie de OK Computer, Bernard Lenoir commence à en diffuser chaque soir une piste sur France Inter. Chaque morceau est une claque monumentale. Paranoid Android est mon titre préféré du disque. Ce qui me plaît ? La voix de Thom Yorke, le fait de chercher la cassure tout en gardant un truc mélodique qui tient la route. Paranoid Android est à la fois aventureux et classique. Radiohead amène un nouveau langage musical qui brise les codes et annonce de nouveaux sons. On retrouve chez nous ce genre de structures de morceaux à tiroirs avec des ruptures et des passages qui s’étirent. »

Robot Stop (2016) de King Gizzard

 

« Sur les dernières années, King Gizzard est le seul groupe pour lequel je me suis totalement emballé au point d’acheter absolument toutes ses sorties. Je le découvre avec l’album I’m in Your Mind Fuzz (2014). A l’époque, alors qu’il devenait à la portée de tout le monde de réaliser des morceaux très produits, ces Australiens débarquent avec une logique totalement différente, avec un son garage, très brut. Ils lâchent un album tous les six mois, comme Thee Oh Sees ou Ty Segall, mais changent d’univers musical à chaque fois. J’aime cette capacité à varier les styles, à ne pas rester dans un certain confort et à se mettre en danger en permanence. Je suis admiratif de cette attitude et de cette forme d’urgence. »

Vini Moerthi est en concert à l’Ubu le jeudi 31 mars à 20h, en première partie de Oracle Sisters.