Des dancefloors polynésiens au Parc Expo : on a rencontré Antilogic
Élevée dans la scène club tahitienne, il n’a pas fallu longtemps à Antilogic pour devenir une figure bien identifiée de la scène électronique et queer rennaise. Membre du collectif Vilaines Teufs, la DJ et productrice se produira dans le Hall 5 du Parc Expo le vendredi 5 décembre, là où tout a commencé… Ou presque. Des nuits polynésiennes à Parcours Trans en passant par la Greenroom, Antilogic revient sur son parcours pas tout à fait comme les autres.
Tu as vécu à Tahiti avant de t’installer à Rennes. Qu’est-ce que tu gardes de la Polynésie, est-ce que ça se répercute dans ta musique aujourd’hui ?
J’y ai fait mon lycée, trois ans au total. C’est là-bas que j’ai découvert la fête, les clubs… La liberté ! Ça a été un vrai tournant pour moi qui était un peu l’ado timide du fond de la classe. Découvrir tout ça m’a rendue extravertie et ouverte aux autres.
Concernant mes productions, je ne crois pas qu’on y retrouve beaucoup d’influences polynésiennes… Malgré les percussions locales. Ce qui est sûr, c’est que ça a posé les bases de ma manière de mixer et de concevoir la fête !
Ça ressemble à quoi d’ailleurs, la scène club à Tahiti ?
Le rythme de vie est assez différent de l’Hexagone, les gens se lèvent et se couchent plus tôt en Polynésie : du coup, les clubs ouvrent à 20h et ferment à 1h. Par contre, la foule est beaucoup plus expressive et réactive : c’est vraiment la teuf comme on se l’imagine dans les films !
Autre particularité : on y joue principalement du deck, qui est un genre musical complètement endémique de Tahiti, tu n’entendras ça nulle part ailleurs.
Qu’est-ce qui t’a amenée à Rennes ?
Je suis venue pour intégrer une école de cinéma… Que j’ai dû arrêter, faute de moyens. C’est comme ça que je me suis retrouvée chez We Ker (fusion de la mission locale de Rennes et de la maison de l’emploi, de l’insertion et de la formation professionnelle). Mon conseiller là-bas savait que j’avais une appétence pour la musique, c’est lui qui m’a parlé des Parcours Trans.
Justement, peux-tu expliquer ce que sont les Parcours Trans ?
Les Parcours Trans c’est un dispositif pour découvrir le village des Trans au Liberté et d’aller au Parc Expo gratuitement pendant le festival… Mais avec l’objectif de proposer quelque chose, une création autour de l’événement. En tout cas, c’est mon expérience des Parcours Trans !
Je me suis retrouvée avec d’autres jeunes majeur·es de la mission locale, et on a décidé de réaliser un mini-documentaire, qui est sorti d’ailleurs. On s’est toutes et tous retrouvé·es autour de ce projet en commun, et ça a créé une vraie cohésion de groupe. Tout ça s’est fait assez naturellement : on avait tous en commun d’être jeunes et un peu perdu·es.
Rétrospectivement, qu’est-ce que ça t’a apporté ?
Pas mal de choses, mais ce qui m’a marqué, c’était dans la Greenroom, pendant les sets de Motel x Magugu et de King Kami. Ça a été un vrai choc esthétique, ils jouaient des genres musicaux qui dépassaient mon univers musical, je me souviens par exemple d’y avoir entendu du baile funk pour la première fois.
Et puis surtout, voir ces DJs, ça m’a donné l’envie de faire ça de ma vie, ça m’a vraiment motivée à me lancer… C’est bête, mais c’est la plus belle chose ! Je voulais me retrouver à leur place, et deux ans plus tard me voilà !
Justement, comment t’es-tu retrouvée à être programmée aux Trans ?
Ça s’est fait en plusieurs étapes. Un jour où je passais dans les bureaux des Trans pour un truc en rapport avec les Parcours, je suis allée, un peu au culot, voir Jean-Louis Brossard, pour lui faire écouter le seul et unique morceau que j’avais produit à ce moment-là. Il a trouvé ça bien, et m’a dit de lui renvoyer un mix.
Un an plus tard, j’ai croisé Théo Muller au Parc Expo (à qui j’avais déjà envoyé des morceaux que je n’avais pas encore sorti), et il a évoqué la possibilité de me programmer, mais il voulait écouter d’autres morceaux : la nuit même, à peine sortie du Parc Expo j’ai allumé mon ordi pour produire de la nouvelle musique, j’étais surmotivée !
Cette nuit-là, je me suis mise à composer des tracks qui sont sorties un peu plus tard, et qui restent à ce jour mes productions préférées. Et un puis à la fin de l’été, on m’a annoncé que j’étais programmée au Hall 5 !
Comment te prépares-tu pour ce set ?
Je commence à tâtonner, mais en vérité j’essaie de pas trop préparer à l’avance : ce que j’aime aujourd’hui, ça aura peut-être changé d’ici le festival…
As-tu de l’appréhension de jouer devant autant de personne ?
Je suis stressée à l’idée de présenter mon projet devant autant de monde mais je reste confiante sur le fait que ma musique va parler à beaucoup de gens.
Je viens d’un milieu underground, mais j’ai réussi progressivement à moduler ma signature sonore pour qu’elle soit plus accessible, tout en gardant son âme, donc je pense avoir trouvé un juste milieu qui parlera à tout le monde !
