Rencontres & Débats (2/5) : « Diversité, égalité, parité »
Rencontres & Débats est un espace de réflexion, de regards croisés, d’échanges, de débats sur les problématiques actuelles rencontrées par le secteur culturel et touchant, plus largement, l’ensemble de notre société. Deuxième épisode d’une série de cinq articles issus d’un entretien avec Anne Burlot-Thomas, coordinatrice de Rencontres & Débats aux Trans Musicales, pour présenter deux tables rondes consacrées aux discriminations raciales et à la place des femmes dans les musiques actuelles.
Les musiques actuelles sont-elles réellement des espaces de diversité(s) ?
« Diversité, égalité, parité ». La devise devrait figurer au fronton des salles de concerts comme un rappel pour faire évoluer les mentalités et les modes de pensées. « Les musiques actuelles sont-elles réellement des espaces de diversité(s) ? », interroge la FEDELIMA (Fédération des Lieux de Musiques Actuelles) en amorce à une table ronde programmée aux Trans Musicales. En France, il n’existe pas de statistiques ethniques. C’est interdit. Le Conseil constitutionnel a rappelé en 2007 qu’elles étaient contraires à l’article 1er de la Constitution, qui dispose que la France « est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Mais ce n’est pas parce qu’on ne peut pas collecter d’informations qu’il faut s’abstenir de se demander si les programmations reflètent bien la pluralité de la société et du monde dans leur ensemble. Comme de nombreux pays, la France possède une histoire coloniale. Elle est aussi une terre d’immigrations et elle est traversée par de nombreux flux et des influences venant des quatre coins de la planète. Comment les acteurs de ces récits s’expriment-ils en musique ? Le premier pas vers la lutte contre les discriminations raciales commence par la reconnaissance de l’altérité, l’ouverture d’un espace de dialogue pour éviter la stigmatisation. Aux Trans Musicales, l’afropop des Béninoises de Star Feminine Band télescope le R&B aux sonorités tamoules de Priya Ragu et la surf music japonaise de TEKE::TEKE. Ces gestes artistiques modernes sont porteurs de points de vue divers sur le monde et aident à avancer vers l’acceptation des différences.
« Les musiques actuelles sont-elles réellement des espaces de diversité(s) ? », une table ronde proposée par la FEDELIMA (Fédération des Lieux de Musiques Actuelles), le vendredi 3 décembre à l’Auditorium de la Maison des Associations, de 10h30 à 13h.
Accès gratuit sur inscription, puis sur place dans la limite des places disponibles.
Pour une juste place des femmes dans les musiques actuelles : convaincre ou contraindre ?
Pas besoin de chiffres non plus pour constater que malgré quelques progrès, il y a encore de fortes inégalités entre les hommes et les femmes dans le secteur des musiques actuelles. Pourquoi y a‑t-il si peu de programmatrices par exemple ? Pour renforcer la mixité des métiers, combattre les stéréotypes, lutter contre les violences sexuelles et sexistes, augmenter le nombre de femme sur scène (et en coulisses), faut-il manier la carotte et le bâton ? Le collectif H/F Bretagne pose en tout cas le sujet sur la table (ronde) en examinant les leviers possibles du changement. Pour faire en sorte que les femmes accèdent à des postes à responsabilités, bénéficient des mêmes rémunérations que leurs confrères masculins ou que les musiciennes ne soient pas assignées à un instrument en raison de leur genre, le volontarisme a probablement ses limites. Déjà, le Centre National de la Musique a établi que toute personne sollicitant une aide financière de sa part doit avoir pris connaissance du protocole de prévention des violences sexuelles et sexistes et s’engager à le respecter. Une aide aux projets en faveur de l’égalité femmes-hommes a aussi été créée. Anne Burlot-Thomas ajoute : « Le secteur, très majoritairement masculin, a une responsabilité collective dans l’invisibilisation des femmes qui ont pourtant aussi œuvré à sa création et à son développement. La question est maintenant de savoir comment faire de la place aux femmes ? » Dans les pays d’Europe du Nord, une politique de quotas mise en place au sein des conseils d’administration des grandes entreprises a porté ses fruits. L’obligation d’une shortlist paritaire pour tout recrutement est aussi une voie à explorer à condition que les noms des femmes ne constituent pas de simples alibis. A bon entendeur.
« Pour une juste place des femmes dans les musiques actuelles : convaincre ou contraindre ? », une table ronde proposée par le collectif H/F Bretagne, le vendredi 3 décembre à l’Auditorium de la Maison des Associations, de 14h à 16h.
Accès gratuit sur inscription, puis sur place dans la limite des places disponibles.