Retour aux sources : Brieg Guerveno
On découvre souvent les artistes sur scène, sur album ou dans un clip. On peut aussi apprendre à les connaître autrement, en s’intéressant aux groupes et aux morceaux qui les inspirent ou les ont inspirés, et qui sont même parfois à la source de leur cheminement musical.
Le songwriter breton Brieg Guerveno, artiste accompagné par Les Trans, décrit ainsi cinq groupes ou artistes qui ont durablement influencé sa musique, de son adolescence jusqu’à la création de son dernier album ‘Vel Ma Vin, paru en janvier 2020.
“En 1995, je suis un adolescent metalleux qui écoute du doom. Le premier album d’Anathema me marque alors profondément. Avec Alternative 4 [1998], le groupe se tourne vers le rock progressif. Anathema a ce côté dark et dépressif du rock anglais. Même si je l’écoute moins aujourd’hui, il en reste des traces de manière inconsciente dans mes compositions. J’aime l’atmosphère du morceau Lost Control. La production très années 1990 lui donne un charme un peu désuet.”
“Robert Smith est une de mes idoles depuis ma prime enfance à travers les clips. A l’adolescence, je suis sorti avec une “curiste” qui m’a fait découvrir leur discographie. The Cure est un groupe mythique car il a généré toute la musique que j’affectionne. Le groupe de metal suédois Katatonia, par exemple, revendique son influence. Robert Smith est le père spirituel de cette mouvance dark qui s’exprime aussi bien dans le rock que dans le folk. Dans l’album Pornography [1982], il y a très peu d’éléments. J’aime ce minimalisme. Pas besoin de cent mille artifices et de 50 pistes pour faire de l’effet. J’essaye moi aussi d’être dans une économie de moyens.”
“Jonathan Wilson est un musicien très talentueux que j’ai eu le bonheur de rencontrer au Main Square Festival, à Arras, en 2019. Son album Gentle Spirit [2011] m’a beaucoup accompagné durant la création de mon dernier disque, ‘Vel Ma Vin. C’est un concentré de la musique folk hippie de la scène californienne. Sa production m’a inspiré dans la manière d’enregistrer la voix, d’utiliser le mellotron, de faire sonner ensemble le piano, le violoncelle et la guitare. Je me suis toujours considéré comme un songwriter folk, même quand je faisais du gros rock. Avec ‘Vel Ma Vin, je suis enfin parvenu à révéler cette facette.”
“Ulver est un groupe norvégien très prolifique qui à chaque nouvel album s’attaque à un style différent : black metal, chant médiéval, electro, musique concrète… Shadows Of The Sun [2007] est leur disque d’ambient. C’est un de mes albums préférés. Il s’en dégage une noirceur et une plénitude solennelle. Ce sont des dieux de la production. Ce groupe aurait sa place aux Trans Musicales. Dans mes arrangements, on retrouve un peu d’ambient, notamment dans l’utilisation de l’orgue, un instrument que j’adore, très présent en live.”
“Avec l’album Eured an diaoul [2001], de Bernez Tangi, j’ai compris que la langue bretonne pouvait servir au-delà de la musique traditionnelle, pour proposer une poésie contemporaine. Bernez Tangi est une personnalité majeure de la culture bretonne. C’est quelqu’un qui m’est cher. Des artistes comme Nolwenn Korbell et Denez Prigent le reconnaissent comme un père spirituel. Il a écrit le texte de mon morceau Hirnez, sur mon précédent album, Valgori [2016]. Dans son album Eured an diaoul, j’aime aussi beaucoup le titre “gwerz ar vañsonerien”. La “gwerz” en breton est un chant traditionnel mélancolique, souvent très lent et très sombre qui évoque des épisodes du passé en lien avec la mort. Il est à l’opposé du kan ha diskan destiné à la danse. On peut traduire “gwerz” par la complainte. “gwerz ar vañsonerien”, c’est en quelque sorte ‘le blues du maçon’.”
Brieg Guerveno jouera dans le cadre de l’événement Les Trans s’invitent chez vous :
le vendredi 4 décembre 2020 à 21h45 sur lestrans.com et sur TVR,
et le samedi 5 décembre à 23h sur lestrans.com et sur France.tv/Culturebox.