Retour aux sources : Mowdee

14.10.2022

Le rappeur rennais au son gangsthouse fait partie des artistes accompagné·es par Les Trans cette année. Avant de le retrouver en concert dans l’Ouest dans le cadre de la Tournée des Trans (en novembre) puis aux Trans Musicales (en décembre), Mowdee nous fait découvrir son univers musical, à travers cinq titres qui ont influencé son parcours.

Maudit, sur l’album Pouvoir Danger Respect & Game (2013) de Rohff

 

« C’est de là que je tiens mon blase. À l’époque où j’ai entendu ce morceau, j’étais beatmaker. Je faisais ça en loisir, je travaillais à côté. C’est une période où j’étais très tourmenté. Quand je suis tombé sur ce morceau, je me suis direct reconnu dedans. Les quatre premières phrases résumaient ce que je vivais à ce moment-là. Rohff finit par dire, Je suis maudit. Je me suis dit, « c’est moi ! ». Il parle de relations amoureuses, d’objectif professionnel, du rapport maternel. Ça m’a réveillé. Je me suis dit que je n’étais pas tout seul. Ça m’a encore plus donné envie de faire de la musique et d’arriver avec mon message. J’ai adopté le nom dès la première écoute, même si je l’ai écouté encore 50 fois après. Maudit, je trouvais ça stylé : c’est un nom un peu mystérieux, contradictoire. »

Addiction, sur l’album Ryan Leslie (2009) de Ryan Leslie

 

« Ce qui m’a marqué chez Ryan Leslie, c’est la performance vidéo. Quand je le découvre, je débute dans le beatmaking. Je l’ai vu se donner à fond et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. Il faisait ce genre de vidéos sur Youtube, bien avant que ce soit la mode sur TikTok ou Insta. Et j’ai bien aimé ce côté “coulisses”, découvrir comment un morceau se construit. Et Ryan Leslie s’est justement fait connaître, au-delà de sa musique, pour ses vidéos. Lui, avec ses lunettes de soleil, en train de s’éclater derrière son piano… À l’époque, je voulais rester beatmaker, je voulais rester dans l’ombre. J’étais bien dans ma chambre à faire des instrus tranquilles. Mais en le voyant, je me suis dit qu’il y avait possibilité de se montrer de temps en temps, comme Dre ou Timbaland. Je me suis dit que je pouvais peut-être chanter sur mes instrus, moi aussi. »

You Rock My World, sur l’album Invincible (2001) de Michael Jackson

 

« Michael, c’est le roi de la musique. On l’écoutait à la maison quand j’étais petit. J’ai de la chance d’avoir évolué dans un milieu musical riche et Michael Jackson en faisait partie. J’avais supplié ma mère de m’acheter un de ses « best of ». Je connaissais par cœur tous ses morceaux. Ça a vraiment animé ma jeunesse. Ça m’influence encore aujourd’hui ; ça ne se ressent peut-être pas directement dans ma musique, mais dans le fait de vouloir « imposer » un style, une image. Lui l’a fait par sa présence, sa danse, son image, sa voix. Pour moi, son parcours de vie et sa façon d’être un acharné du travail sont des sources d’inspiration incroyables. Il passait des heures devant la glace à répéter ses pas. C’est une forme de folie. Et j’admire beaucoup ces gens qui s’investissent à fond et laissent derrière eux une œuvre monumentale. »

Flat Beat (1999) de Mr. Oizo

 

« Je suis tombé sur la musique de Quentin Dupieux il y a quelques années. Ce que j’aime bien chez Mr. Oizo c’est que je ne sais même pas comment qualifier sa musique. J’ai découvert qu’il mettait en scène une peluche jaune et qu’il avait tout un univers burlesque, une imagerie insaisissable. Il passait à côté des codes musicaux qu’on a tendance à vouloir respecter, par exemple pour essayer de faire un tube, quelque chose qui marche. Je me suis dit : « En fait il n’y a pas de règles, tu fais ce que tu veux, si tu kiffes sur le moment, tu peux te permettre d’envoyer. » Par exemple, moi, j’aime bien l’idée de mélanger des choses qui ne se mélangent pas. C’est un peu l’idée derrière la musique gangsthouse. Il y a la gangsta, le truc urbain d’un côté, et le style house de l’autre : c’est comme deux contraires, et quand j’écris, quand je me laisse vraiment aller, je vais chercher ces contrastes. »

Topdown sur l’EP Channel Tres (2018), de Channel Tres

 

« D’un côté il y a le studio, où je m’épanouis ; mais en live, j’essaie de tenir un ton grave et nonchalant, ce qui est plus difficile qu’il n’y paraît. Parce que si je sors du ton, on sort de l’intention de base du morceau. Donc je m’entraîne, c’est un exercice. Ce que j’aime sur Channel Tres c’est qu’il garde ce ton grave, presque chuchoté, intimiste. Sur une musique qui bouge, en plus ! Il montre qu’on peut passer des messages de manière différente. Il n’y a pas beaucoup d’artistes qui sont arrivés avec ce délire-là, ce genre de rap hybride. À l’origine, la house, à Chicago, était généralement chantée. Lui arrive avec un délire rappé, comme s’il parlait. C’est ce côté libre, de se balader sur la prod comme il le fait, auquel j’ai adhéré. Quand j’ai entendu ce morceau, j’ai pris une tarte au niveau de la vibe. Ce genre de son, groovy, rythmé et presque ghetto à la fois, c’est une alchimie que j’essaie de retrouver. C’est une liberté d’interpréter, mais c’est paradoxal parce que c’est quand même calculé. J’aime bien quand ça paraît simple et naturel en live, alors qu’en fait ce sont des heures de travail qu’on ne voit pas. »

Mowdee est en concert gratuit dans le cadre de la Tournée des Trans :
samedi 12/11 à Bonjour Minuit (Saint-Brieuc),
samedi 19/11 au SEW (Morlaix),
vendredi 25/11 à Hydrophone (Lorient),
ainsi qu’aux Trans Musicales, le vendredi 9/12 à L’Étage (Rennes).