Porchlight entre dans la lumière

01.12.2022

Après une première française mémorable il y a quelques mois à l’Ubu, le jeune groupe anglais Porchlight débarque à nouveau à Rennes ce vendredi 9 décembre dans le cadre des 44es Trans Musicales. Nous republions à cette occasion l’article de l’enthousiaste passeur JD Beauvallet – le plus anglais des journalistes musicaux français – qui avait pu les interviewer avant tout le monde en juin dernier.

Par JD Beauvallet

Le son est strident, anguleux, nerveux. Il est dominé par l’affolement des guitares, la frénésie d’un diabolique couple batterie/percussions. Et pourtant, dans ce chaos électrique, un homme danse, accroché à un funk mutant qu’il est le seul à percevoir. Il s’agite sensuellement, comme si son groupe Porchlight étaient les JB’s de James Brown.

On lui demande à quel point Porchlight joue de la dance music. Il répond que tout son, quel qu’il soit, qui vous pousse à gigoter relève de la dance music. Et il enchaîne en affirmant que tout son qui vous émeut relève de la musique. Cette apologie du bruit, de la dissonance rappelle le discours de groupes qui agitaient New York, bien avant que naissent les cinq garçons de Brighton. Peut-être même avant la naissance de leurs parents. On parle de la préhistoire du rock en désordre, en insurrection : 1977 et le micro-mouvement expérimental de la no wave. Étonnamment, les cinq garçons parlent couramment cette langue et citent leurs favoris avec érudition. « Ça a été un mouvement très cool, certains artistes qui ont émergé de cette scène, comme Sonic Youth ou Teenage Jesus nous ont beaucoup influencés. »

On tente d’autres pistes généalogiques pour déterminer les origines de ces guitares en liberté. Sujet d’examen : Television est-il un groupe de free rock, ou même un groupe jazz égaré dans le punk ? Là encore, ils démarrent au quart de tour : « Notre guitariste Coram donne effectivement dans le free jazz, il aime Coltrane et Television. » On comprend mieux, dans ce fatras d’influences largement modernisées, l’indocilité, l’insoumission même des guitares. Mais ça n’explique pas ce goût irrépressible pour la danse. « C’est pourtant simple. En 1977, à New York, il y avait aussi le club CBGB’s et notre groupe fétiche : les Talking Heads. On a lu le livre du leader David Byrne, How Music Works, et pour nous, c’est la bible. »

Et c’est effectivement cette fusion de punk et de funk que ravive Porchlight, en mettant systématiquement le feu à des concerts qui épaulent le réchauffement climatique. Ce son, qu’ils ont largement adapté aux dynamiques et techniques de production de 2022, les obsède tellement que leur chanteur Sam a écrit sa thèse universitaire sur le groupe anglais Gang Of Four. « Cette façon d’injecter du groove dans l’énergie du punk, c’était un truc de malade. Comme si ça ne suffisait pas, ils ont en plus intégré des concepts situationnistes dans leurs textes. Des génies. »

Enflammés et agités comme leur musique sur scène, les cinq garçons reconnaissent pourtant s’être installés à Brighton pour sa douceur et son ouverture d’esprit. Ils citent d’ailleurs Satie et Debussy en référence. Mais aussi Daft Punk et Justice, histoire de brouiller mieux encore les pistes.

On se demande même, tout haut, comment un groupe à ce point tiraillé entre ses influences éparpillées parvient à trouver un ordre de marche, une façon de démocratie. Ça tombe bien : ils ont aussi une réponse à cette question. « Il nous a fallu deux ans pour trouver notre son, notre niche. Au départ, la démocratie semblait impossible. Désormais, chacun connaît son rôle et nous sommes une farouche démocratie. Un point que nous avons tous en commun, depuis le premier jour, c’est notre besoin de jouer live. C’est fondamental pour nous. » Ça se voit, ça se sent, effectivement.

Retrouvez Porchlight aux Trans Musicales

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