Retour aux sources : Sarakiniko

09.11.2022

Dernier arrêt de notre série Retour aux sources avec les artistes accompagnés par Les Trans en 2022 : Sarakiniko ! Quelques jours avant de partir dans l’Ouest pour la Tournée des Trans, le chanteur et guitariste Yann Canévet s’est plié à l’exercice de choisir 5 morceaux qui ont balisé son parcours musical. Entrée dans un monde de guitares et de résonances…

Almost Gold, sur l’album Honey’s Dead (1992) de The Jesus and Mary Chain

 

« J’ai découvert The Jesus and Mary Chain dans un contexte particulier : c’est un disque du groupe qui est resté bloqué dans ma platine CD, à l’époque. Le lecteur ne s’ouvrait pas. Donc j’ai écouté l’album. C’était un best of du groupe, je crois, et les morceaux allaient par ordre chronologique. Les premiers albums étaient très acides, avec beaucoup de larsens. Ça m’a directement plu, cette base un peu pop, avec des accords assez simples finalement, sous la couche de larsens. Sans cette couche, c’est une musique qui passerait à la radio. Et sur Almost Gold en particulier, il y a ce riff qui définit tout ; c’est comme un marasme derrière, et puis un riff super clair arrive et apporte la lumière. C’est « Almost Gold ». Et c’est vraiment ça qui m’a plu dans la façon dont ils construisaient leurs morceaux. Quelque chose de très dur à la base, et qui devient super lumineux à un moment donné. Ça m’a marqué, et c’est ce qui m’a guidé plus tard dans mes choix d’écoutes. »

8 Ball (2000) de Underworld (sur la bande originale du film La Plage)

 

« Avec un de mes meilleurs potes, Yann Le Razavet – avec qui j’ai commencé le groupe Maria False avec d’autres musiciens –, on a fait toute notre scolarité ensemble, de la maternelle à la terminale. Underworld, on les a découverts en 2000. Le film The Beach venait de sortir. Il y avait ce morceau du groupe sur la B.O., qui commence un peu bizarre, un peu dream. Puis la fin est géniale, avec un afterbeat assez dansant, assez lent. C’est mon ami qui avait la bande originale du film, et on est tous les deux fans de cette chanson-là. Ça m’a ouvert à la scène pop anglaise de Manchester, que je ne connaissais pas. Après Underworld, j’ai découvert Primal Scream et d’autres… »

Gas Panic! Live in Berlin (2002) de Oasis

 

« Je suis un grand fan d’Oasis. C’est avec eux que j’ai commencé à découvrir les concerts. J’ai eu la chance de les voir 4 ou 5 fois avec mon frère, qui était fan. Je n’aime pas forcément leurs titres les plus connus, comme Wonderwall, je préfère quand ils partent dans quelque chose de plus psyché. Ce morceau-là vient de leur quatrième album, Standing on the Shoulder of Giants [2000], et il démarre avec des samples de photocopieuse. Et ce que j’aime dans cette version live notamment, c’est la fin de la performance : ils finissent la chanson, Liam Gallagher s’en va, et là le groupe continue de jouer… et c’est monumental. Je ne connais pas de groupes qui fait ça comme ça. Ça part sur un rythme assez groovy, lourd et dansant à la fois. Je pourrais écouter ce passage en boucle toute la journée. Je trouve que c’est ça qui fait la force de l’identité d’Oasis : ils font des fins à rallonge. Et c’est ce que j’essaie de faire parfois avec Sarakiniko en live, de faire des chansons où ça continue, ça continue… le public se trouve immergé dans un univers vraiment particulier. Et c’est impressionnant à voir en concert. »

Sea Within Sea, sur l’album Primary Colours (2009) de The Horrors

 

« J’ai découvert The Horrors aux Trans Musicales [édition de 2006] sur le Hall 3 – sur lequel on va jouer, d’ailleurs. C’était un peu avant la sortie de leur premier album, qui était plutôt garage. Puis avec Primary Colours, ils sont partis dans un autre univers, plus aérien, avec des claviers. Ça m’a plu, ces nouvelles sonorités. Leurs débuts étaient très garage punk, ils se déguisaient, ils se maquillaient. Et ils se sont dit un jour, « on va changer totalement de style ». C’est cette liberté que je trouve géniale. On s’enferme vite, quand on fait un premier album : « est-ce que je peux faire ça, est-ce que je dois faire ça… ». The Horrors ne se posent pas cette question-là. Ils peuvent se montrer sous énormément de facettes. À chaque fois, ils s’y mettent à fond, comme dans le dernier album, qui sonne plus metal-indus. Et peut-être que pour leur prochain, ils feront un truc encore complètement différent. C’est dans cet esprit de liberté que j’imagine les prochains albums de Sarakiniko. »

El Jardín, sur l’album Wilderness of Mirrors (2022) de The Black Angels

 

« J’ai évolué dans différentes formations, qui faisaient du shoegaze, du psyché… et j’adorais les Black Angels, qui sont les fers de lance de tout un mouvement rock psychédélique, qui a un peu relancé aussi les Brian Jonestown Massacre. Puis j’ai un peu zappé les derniers albums. Et totalement par hasard, alors que j’étais chez moi, je me suis demandé ce qu’ils devenaient… Je suis alors suis tombé sur ce morceau-là, de leur nouvel album, qui vient de sortir cette année. Et j’ai adoré. Le clip notamment : j’y retrouve des valeurs que je partage, sur l’environnement, la planète. C’est un enfant dans un monde post-apocalyptique qui découvre un casque de réalité augmentée, qui le renvoie au monde d’avant, aux forêts… à tout ce qu’on a déglingué. J’aimerais bien rencontrer ces gars un jour. Ils ont réussi à ressortir un truc un peu naïf comme ils arrivaient à faire à leurs débuts, super travaillé mais brut, et je trouve que c’est une belle relance, en tout cas pour moi. »