Retour aux sources : Beau Bandit

04.11.2022

La formation pop rock rennaise Beau Bandit fait partie des cinq groupes accompagnés par Les Trans cette année. Avant d’embarquer pour la Tournée des Trans et avant leur concert aux Trans Musicales le 8 décembre, le chanteur et guitariste Pierre-Vital Gérard s’est prêté au jeu du Retour aux sources : il a ainsi choisi cinq morceaux qui évoquent, parmi ses influences musicales, celles qui se rapprochent de Beau Bandit.

Future People, sur l’album Sound & Color (2015) de Alabama Shakes

 

« J’ai découvert Alabama Shakes avec leur premier album [Boys & Girls], sorti il y a dix ans. C’était un album plutôt orienté boogie, classic rock. Je trouve que la chanteuse, Brittany Howard, a une voix de dingue, qui me touche particulièrement. Puis quelques années plus tard, ils ont sorti Sound & Colour et je trouve que ce disque est vraiment un chef‑d’œuvre. Il y a quelque chose qui me bouleverse chez eux. Ils arrivent à renouveler un truc déjà entendu tellement de fois, c’est balèze. Tout le monde dans Beau Bandit adore Alabama Shakes. Quand on a commencé le groupe, on s’est demandé quels étaient les derniers albums qui nous avaient bottés et cet album est sorti en 1er, comme une évidence. Pourtant, ce n’est pas tellement pop, c’est plus soul, blues rock, ce qui n’est pas mon truc à la base. Mais il y a ce mélange de cultures, de rock blanc et de black music. Je me suis pris une grosse claque avec cet album. »

This Life, sur l’album Father of the Bride (2019) de Vampire Weekend

 

« Dans Vampire Weekend, j’entends tout ce que j’aime du son new-yorkais. J’entends aussi bien du Television que du Talking Heads. Et avec ça, une influence de Paul Simon, qui va piocher dans des sonorités rock africaines, avec la guitare claire. J’aime beaucoup la façon dont le morceau est construit, le refrain est mortel, les arrangements sont chiadés. C’est un groupe qui fait un peu la synthèse d’un rock d’avant. J’ai pas mal été bercé par le rock new-yorkais quand j’étais plus jeune. Patti Smith, les Ramones, Blondie… Tout cela n’a pas l’air de se ressembler, mais je trouve qu’il n’y a que des groupes de New York pour faire ces musiques-là. Il y a quelque chose en commun, ça ne sonne pas comme ailleurs. Je ne sais pas pourquoi ; sûrement parce que c’est une ville spéciale, à part. Le monde entier est à New York. »

Brighter!, sur l’album Big Wheel and others (2013) de Cass McCombs

 

« Cass McCombs est un artiste que j’ai découvert il y a une dizaine d’années. J’achète chacun de ses albums dès sa sortie. Brighter! est un morceau que je trouve super émouvant. Je suis assez “cœur d’artichaut” et j’aime beaucoup ce type de tonalité, mélancolique. Je suis très attaché à la façon dont s’écrit une chanson. Pas forcément le texte ; je parle de la façon pop de composer des chansons, avec couplets, refrain, pont. J’adore quand tout s’encastre bien. Je suis clairement d’une génération pop, avant la déconstruction du rock, même si j’adore Sonic Youth – encore des New-Yorkais – et d’autres groupes dans la même veine. C’est vraiment ça qui m’a construit musicalement. Et je trouve en l’occurrence que ce morceau, dans sa composition, c’est du grand songwriting. »

I Feel Fine (1964) de The Beatles

 

« C’est là aussi un groupe qui fait l’unanimité dans Beau Bandit. C’est quasiment les Beatles qui m’ont donné envie de faire de la musique et de chanter. Quand j’étais gamin, chez mes parents, il y avait des vinyles du groupe et celui qui me faisait vraiment tripper, c’était le “double rouge” [Compilation 1962–1966 des singles du groupe]. Dès que j’entends les arpèges de guitare, les voix harmonisées de I Feel Fine, ça me fout des frissons. Toute cette période-là me fait cet effet, mais ce morceau-là, typiquement, est un morceau pop hyper-lumineux qui évoque un temps de l’insouciance. Ils ont fait ça dans un monde où tout semblait encore possible. Il porte une sorte de candeur sociale. En ça, c’est aussi un morceau politique, sans le savoir. Ils sont le son d’une époque, et l’ont marquée. Je suis toujours bluffé par le son des premiers Beatles. Et j’adore le jeu de Ringo Starr : je trouve que c‘est un grand batteur, sous-estimé. Ce n’est pas un grand technicien, mais c‘est un vrai musicien. Ce que j’attends d’un musicien, c’est d’avoir une sensibilité. »

Super Rich Kids, sur l’album channel ORANGE (2012) de Frank Ocean

 

« Frank Ocean, pour moi, c’est la soul d’aujourd’hui. J’aime bien son minimalisme. Ce n’est pas vraiment notre approche dans Beau Bandit, mais j’aime beaucoup ça. Surtout que dans ce morceau, il y a un texte ironique sur les fils de riches ; des paroles géniales, drôles et cyniques à la fois. Je m’y reconnais parce que j’écris un peu comme ça. J’ai du mal à écrire au premier degré. Pourtant, j’ai souvent envie de parler de trucs politiques, mais sans pour autant faire de la musique très engagée, ou des textes engagés. Donc il faut trouver la bonne distance, le bon angle. Et ce qui aide, c’est de mettre un peu d’humour. Il y a plein de moments où je ne fais pas des paroles une priorité ; je peux aimer un morceau sans jamais avoir écouté les paroles. Pour moi, il faut juste que ça sonne. J’ai d’abord une oreille de musicien avant d’avoir une oreille de parolier. »

Beau Bandit est en concert gratuit dans le cadre de la Tournée des Trans :
jeudi 10/11 à l’Ubu (Rennes),
jeudi 17/11 au Chabada (Angers),
jeudi 24/11 au Quai M (La Roche-sur-Yon),
vendredi 25/11 à Hydrophone (Lorient),
ainsi qu’aux Trans Musicales, le jeudi 8/12 à L’Étage (Rennes).