#Trans2024 : le Tour du monde en 27 heures au Parc Expo

28.11.2024

Aux Trans Musicales, pas besoin de cheminer pendant 80 jours pour faire le tour de la planète : 27 heures au Parc Expo — sur 3 jours — suffisent pour prendre le pouls de la sono mondiale, comme le prouve ce bref guide de voyage dans la programmation de ces 3 grandes soirées de la 46e édition du festival. Embarquement immédiat !   

Playlist à écouter pendant votre lecture : 

 

Jeudi — Ce qui compte c’est le voyage, pas la destination 

Le périple commence sur les chapeaux de roues au Hall 4, avec Travo, un quatuor portugais de heavy psych (“heavy metal psychédélique”) qui nous emmène dans son trip spatio-temporel où cohabitent des ambiances à la SLIFT, King Gizzard et Hawkwind. Puis direction le Hall 8 et l’Afrique du Sud, où le rappeur Loyiso Hoko dévoile son très récent 1er album hip hop, mélange de trap et de sons plus organiques. Dans la Greenroom, la DJ franco-éthiopienne Hewan Aman entame alors son mix progressif et rythmique, où les percussions électroniques et acoustiques se répondent dans une atmosphère psychédélique. Retour au Hall 4 avec le quintet suédois Den Der Hale, dans une atmosphère également psychédélique, mais dans un style post-rock intense aux rythmiques krautrock tribales. Pas une minute à perdre, le groupe tanzanien The Zawoze Queens, mené par une mère et sa fille, enchaîne dans le Hall 8 avec sa subtile adaptation de la musique traditionnelle du peuple Wagogo dont elles sont issues. Retour dans la Greenroom pour ne pas rater le mix bass music (dubstep, drum’n’bass, 2‑step…) de la londonienne originaire du Soudan du Sud, Mia Koden. Suivie sur la même scène par le tout premier live de Crystallmess, productrice parisienne aux origines ivoiriennes et guadeloupéennes capable de fusionner techno, rap, dembow et zouk accéléré ! Enfin, retour dans le Hall 4 pour le premier concert en France de Slate, quartet gallois de post-punk gothique et mélodieux, parfois rapproché de Joy Division et Fontaines D.C. 

Une première partie de voyage qui nous permet quelques beaux allers-retours entre l’Afrique et l’Europe, du sud au nord. Escale à Cardiff. 

Vendredi — Détours dans la nuit 

Après cette étape reposante aux Pays de Galles, on repart pied au plancher dans le Hall 4 avec un autre groupe du cru, The Family Battenberg, quatuor garage rock psychédélique amateur de pédales fuzz, de Brian Jonestown Massacre et de King Gizzard. Dans le Hall 8, une belle traversée transcontinentale nous amène ensuite au Vietnam dans les années 60, pour découvrir Saigon Soul Revival qui ravive le son de la pop vietnamienne de l’époque, entre soul et rhythm and blues. Puis direction l’Europe de l’Est, dans ce même Hall 8, où le performeur et activiste queer bulgare Ivo Dimchev présente son improbable cabaret pop où les samples de musique folk des Balkans se mêlent aux rythmes electro et à la syncope du dem bow. On enchaîne par la face nord, avec le coup de fouet rock’n’roll du quatuor finlandais Us, promoteur d’un rock garage teinté de pub rock ‘70s cher au Dr. Feelgood. Mais le grand Hall 5 nous appelle aussitôt pour une grande communion techno, les bras en l’air, sur le set de la très attendue DJ et productrice italienne Adiel 

La soirée s’emballe, il faut faire des choix, des détours, ou prendre des raccourcis : au même moment, le Hall 8 accueille chaleureusement les deux queens sénégalaises de Def MaMa Def, avec leur rap et leur chant R&B en wolof, sur des rythmes mêlant hip hop électronique et sons traditionnels. On rejoint ensuite le Hall 4 pour la déflagration annoncée par le groupe irlandais YARD et son electro-noise à base de guitares abrasives et de beats techno implacables. Un saut de puce jusqu’en Écosse (dans la Greenroom), avec la DJ et productrice Taahliah qui imagine le futur de la dance music en mêlant des formes populaires à l’exigence de l’expérimentation. On traverse ensuite l’Atlantique, direction Brooklyn, NYC, pour recevoir une décharge punk/post-punk à 5h du matin avec le sextuor TVOD, en filiation directe avec les Pixies “première période”. La soirée s’achève en France, toujours dans le Hall 8, avec les 4 Fantastiques de la sono mondiale la plus groovy, Big Fat Kosmo Del Mundo, qui nous font visiter des contrées sonores et dansantes inexplorées. 

Samedi — 5 continents pour finir en beauté 

Les batteries rechargées, départ pour la Chine (dans le Hall 5) et plus précisément pour un monastère tibétain fantasmatique dans lequel nous sommes guidé·es par le producteur Howie Lee qui nous présente ses créations, des passerelles entre musique électronique futuriste et chants de dévotion et de méditation du bouddhisme vajrayāna. Le temps de redescendre tranquillement de l’état de lévitation, et nous voilà partis au Japon (Hall 8) pour découvrir Mitsune et sa néo-folk jouée entre autres avec trois shaminsens, un instrument à cordes vieux de cinq siècles. Direction ensuite le Hall 4 pour chanter les refrains légers du sextuor gallois de country pop psychédélique Melin Melyn. Sans transition, on enchaîne sur le Hall 5 avec la DJ et productrice polonaise Charlie dont les hybrides mêlant E.B.M., Italo disco et synthwave héritent autant de Kraftwerk que du disco. Arrive alors un moment particulièrement attendu de cette soirée, avec le groupe transnational Yannis & The Yaw, issu à l’origine de la rencontre créative entre le chanteur grec de Foals (Yannis Philippakis) et le légendaire batteur nigérian Tony Allen, disparu depuis. Nul doute que l’âme de celui qui incarnait le “beat” de “l’afrobeat” planera sur ce concert-événement.  

Mais vite ! Retour à New York pour ne pas manquer Fcukers dans le Hall 5, et leurs titres qui revisitent à leur manière certains courants des ‘90s, de la house garage au trip hop, portés par une chanteuse charismatique. Moins hédoniste mais au moins aussi incontournable, le trio punk noise Benefits nous invite dans le Nord-Est de l’Angleterre (Hall 4) pour nous crier tout ce qui ne va vraiment plus au Royaume-Uni pour les classes populaires, notamment depuis le Brexit. Puis gros changement de latitude et de message pour rejoindre la venezuelo-péruvienne MJ Nebreda dans le Hall 5, auto-proclamée “puta romántica”, dans un style changa tuki (proche du néo-perreo et du reggaeton) issu des quartiers chauds de Caracas. Une correspondance pour les Pays-Bas (dans le Hall 8) nous permet de découvrir un show exclusif de Gallowstreet : en plus de leurs cuivres de fanfare, du groove hip hop, de la dance music de club et de leur énergie rock, la formation de 8 musiciens accueille pour les Trans Musicales un chanteur et un quatuor à cordes ! 

Pas le temps de se remettre de cette escale mémorable, le danseur et compositeur ougandais Faizal Mostrixx nous attend dans la Greenroom, dans un show afrofuturiste où il apparaît tel un conteur dont les mots sont remplacés par les mouvements du corps. Sur le même continent, direction l’Afrique du Sud (dans le Hall 4 — une première en Europe !), où le trio Internet Girl joue ses brûlots rap punk électroniques aux refrains pop. L’artiste française aux origines égyptiennes et iraniennes KUKII nous attire ensuite dans le Hall 8 avec son R&B aux sonorités orientales et électroniques. Au même moment dans la Greenroom, la DJ syrienne LazerGazer déploie sa bass music incandescente enrichie de percussions arabes. Et le Hall 5 voit débarquer du Canada Raven, la DJ et productrice au son techno implacable qui fait vibrer ce hall jusqu’au bout de la nuit…  

Enfin, la clôture de ces 3 soirées au Parc Expo a lieu à Cuba (dans le Hall 8) : la DJ/selector Cami Layé Okún nous invite dans une virée latino-américaine et afro-caribéenne où les sons jazz, soul, funk et disco se croisent, s’enlacent et s’embrassent, pour faire danser les irréductibles du petit matin, le sourire aux lèvres.