Terre de Liens Bretagne est l’une des trois associations qui bénéficiera de la Contribution Environnementale, le fonds lancé cette année par Les Trans pour soutenir la transition écologique, à laquelle tout le monde est invité à participer. Depuis 2003, Terre de Liens accompagne la création de fermes d’agriculture bio dans la région. Concrètement, ça donne quoi ? Pour le savoir, nous avons discuté avec Régis Durand, agriculteur dans le Morbihan, qui a pu lancer son activité grâce à l’association…

Est-ce qu’une ferme est un bien comme un autre, une entreprise comme une autre ? Ce sont des questions comme celles-ci qui ont amené Régis Durand à se rapprocher de Terre de Liens. Il y a quelques années, lui et son associé Benjamin Frézel souhaitaient se lancer et développer leur activité agricole. Terre de Liens a joué un rôle primordial dans leur projet.

Née il y a presque 20 ans, cette association citoyenne vise à favoriser l’accès des paysan·nes à la terre. Pour ça, elle met en pratique le principe de propriété collective. L’objectif : faire en sorte que les personnes qui dépendent des terres agricoles, c’est-à-dire tous·tes les citoyen·nes, aient leur mot à dire.

« J’étais déjà adhérent à l’asso, car sensible au sujet de la propriété collective des terres. Que les paysans deviennent des usagers des terres agricoles, que celles-ci appartiennent à l’ensemble de la société. Parce que c’est un bien trop précieux pour être confié à un seul individu, parce que c’est là que repose la souveraineté alimentaire de la société », explique Régis. « L’idée, c’est de se dire : si les citoyens sont propriétaires et louent ces fermes de génération en génération à des paysans, il n’y a plus de vente, il n’y a plus de transaction, donc il n‘y a plus d’inflation. On participe au changement à notre façon, même si c’est notre goutte d’eau dans l’océan. »

Depuis 2003, Terre de Liens a grandi : il existe aujourd’hui 19 associations en France, réunies dans une fédération nationale. À celles-ci s’ajoute une société foncière, qui s’occupe d’acheter des fermes. Celles-ci sont ensuite louées à des fermier·ères. Pour bâtir son capital, la foncière compte sur l’épargne de citoyen·nes et sur des institutions privées qui ont choisi d’investir dans ce projet de transition écologique.

Régis Durand et Benjamin Frézel

C’est ainsi qu’en 2019, Régis et Benjamin s’installent dans une ancienne ferme laitière du Morbihan. Une ferme qu’ils n’auraient pu acheter eux-mêmes : « L’acquisition des terres, des bâtiments agricoles, de la maison… tous les frais mis bout à bout, ça représentait environ 1 000 000 euros. Nous n’aurions pas trouvé les financements. Terre de Liens est apparue comme une solution à notre installation. Ça n’aurait pas été possible sans eux. »
Leur but : transformer la ferme pour y faire de la polyculture et du poly-élevage. Le tout, en agriculture paysanne et biologique, à l’instar des 170 fermes accompagnées par la fédération en France.

Le fermier morbihannais a un souhait : « Reproduire la ferme de nos grands-parents qui était très diversifiée, mais moderniser pour que ça soit viable économiquement et moins pénible humainement. » Cela passe par la mise en place d’activités complémentaires : les déchets de leurs productions végétales vont par exemple enrichir l’alimentation des cochons et poules de la ferme.

Régis est aujourd’hui administrateur de l’antenne de Terre de Liens en Bretagne. Pour lui, si le mouvement fait son chemin, ses actions sont encore loin de faire face aux défis actuels de l’agriculture en France. « Si les collectivités, les pouvoirs publics ne s’emparent pas de la question foncière, Terre de Liens ne pourra pas résoudre seule le problème de l’accession aux terres et de l’accaparement des terres agricoles par des sociétés privées. 25% des agriculteurs vont partir à la retraite avant 2030. Qui va prendre la relève ? »

D’où l’importance de faire sa part, dès maintenant : « Aujourd’hui, s’engager auprès de Terre de Liens, aider Terre de Liens, c’est un moyen de participer à la sauvegarde d’une agriculture à taille humaine, qui produit une alimentation de qualité, de façon durable, écologique, éthique et sociale. »

Terre de Liens fait partie, avec Compagnons Bâtisseurs Bretagne et Énergie Partagée, des trois projets qui bénéficieront de la Contribution Environnementale.

En savoir plus sur Terre de Liens :
www.terredeliens.org

Comment participer à la Contribution Environnementale ?

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